Les pratiques de méditation
Dhiravamsa, « La voie du non-attachement »
Il serait sans doute bon d’établir maintenant une claire distinction entre la méditation Samatha et la méditation Vipassana.
Samatha vise à la tranquillité d’esprit, la sérénité, l’extase ou transe extatique, l’absorption méditative ou la fixation de l’esprit sur un point unique. Ce type de méditation est très répandu, dans son double aspect théorique et pratique parmi les fidèles de toutes les religions. Les chrétiens lui ont donné le nom de contemplation ou prière contemplative, tandis que les hindous la connaissent sous la forme de bhakti yoga (yoga de la dévotion), pranayama (contrôle et maniement de la respiration), samadhi (état extatique). Dans cette catégorie on peut de même classer le mouvement appelé « conscience de Krishna », la méditation transcendantale et les méditations soufies.
La pratique de la tranquillité consiste à concentrer l’esprit sur un objet ou sur un sujet précis et à l’y maintenir jusqu’à l’obtention d’un état de parfaite concentration. Quand le sujet choisi est un mantra, le méditant le répète jusqu’à s’en imprégner complètement et s’unir à lui. Cet exercice donne au méditant le bien-être, la détente, tant physique que mentale. Le point ultime de cette pratique consiste en l’absorption du pratiquant par l’objet de sa méditation, les expériences mystiques et les changements d’état de conscience. Cependant, quand on n’a pas la vision intuitive, la pratique intensive de cette méditation risque de compromettre l’équilibre psychique du pratiquant. C’est pourquoi il convient de toujours chercher conseil auprès d’un maître qualifié.
La méditation Vipassana, ou médiation de la vision intuitive (ou éclairée) est tout à fait unique. Elle ne comporte pas de technique, l’objet pouvant être n’importe quelle chose évidente et distincte à un moment donné. Il suffit au pratiquant d’être attentif à toutes choses se levant dans le champ de sa conscience ou le traversant, et de les voir telles qu’elles sont sans vouloir ni conceptualiser ni analyser. Cela exige réceptivité, alacrité et clarté d’esprit. Il est hors de question d’exclure, de maîtriser quoi que ce soit. Tout est accueilli par le mouvement constant d’une attention simple, claire et nue. Si vous cherchez un but à cette pratique, dites-vous qu’elle consiste à voir les choses telles qu’elles sont, hors de toute tentative de fuite, de suppression, de répression, ou de désir de réussite. Dans la méditation Vipassana, vision intuitive et acceptation sont indissociables. En suite de quoi, la totale liberté d’être est son but ultime.

V.R. Dhiravamsa, thaïlandais d'origine, a rejoint le monastère bouddhiste à l'âge de treize ans et a été moine pendant vingt-trois ans. Venu en Angleterre en 1964, il a commencé à y enseigner à des laïques la méditation Vipassana et a quitté la robe monastique en 1971. Fort de sa double culture, il a développé un système intégrant à la pratique méditative des aspects de la psychologie occidentale qu'il juge compatibles (psychanalyse jungienne, Gestalt thérapie, ennéagramme).
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