Les 5 empêchements - Le doute
D'après "A propos des 5 empêchements" par Ajahn Akincano
5ème empêchement
Le doute
L'eau se trouble, ce n'est pas clair, l'homme ne peut y voir son reflet. Le doute est quelque chose qui parvient avec succès à nous empêcher de nous concentrer
Le doute peut être à propos de soi-même, à propos de la méthode ou de la pratique ou encore en ce qui concerne l'enseignant. Nous nous mettons à douter du moindre aspect de la pratique. C’est plus qu'un simple doute, cela devient de l'épuisement mental dû à la spéculation, à la confusion. Un exemple :
"Ceci est un doute important. J’ai besoin de connaître la réponse. J’ai besoin d’être sûr. J’ai besoin de savoir définitivement, dois-je faire ceci ou cela ? Est-ce que je fais bien ceci ? Dois-je aller là-bas ou dois-je rester ici encore un moment ? Est-ce que je perds mon temps ? Ai-je gaspillé ma vie ? Est-ce que la méditation est la voie à suivre ou bien pas ? ".
Le doute n'est pas intellectuel, c'est une émotion. Le problème est que nous ne reconnaissons pas que le doute est une émotion. Nous considérons le doute comme quelque chose que nous ne savons pas, mais, en fait, il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas et qui ne sont pas des doutes. Par exemple nous ne savons pas s'il pleuvra demain, et cela ne nous travaille pas du tout. Si nous sommes conscients que nous ignorons quelque chose, ce genre de conscience est de la connaissance et pas du doute.
Le doute est la combinaison d'une question avec l'impression que cela ne devrait pas être comme cela. Il faut faire quelque chose maintenant. Et que faisons-nous normalement ? Nous pensons, nous pensons, nous repensons… nous développons des hypothèses, des plans de catastrophes, toutes sortes de choses...
Le dénouement d'une émotion est au niveau du cœur et ne peut se passer au niveau du mental. Nous essayons de pacifier avec des pensées ce qui est, en fait, une émotion. C'est quelque chose de très inutile. Une émotion se passe sur un autre niveau, dans un autre endroit de notre cerveau. Dans le fonctionnement du mental, les émotions précèdent les pensées. Pacifier quelque chose qui est lié à une couche antérieure de notre développement de conscience avec une pensée, est très inutile. Les pensées ne savent pas s'occuper des émotions. Le dénouement d'une émotion se passe toujours au niveau du cœur et ne peut pas se passer au niveau du mental. Aucune construction mentale ne peut nous aider en face d'une émotion forte.
Nous pouvons penser vite pour couvrir l'émotion, mais plutôt que de résoudre l'émotion, nous la figeons, nous la recouvrons parce que l'activité mentale est parfois plus convaincante et plus rapide que l'émotion. Nous arrivons ainsi à détourner l'attention d'une émotion et à nous convaincre que ce que nous pensons est vrai. En fait l'émotion continue et remonte dès que la pensée diminue. Nous n'arrivons pas vraiment à résoudre ou à dénouer un état émotionnel par la pensée, et le doute en est un très bon exemple. Tout essai pour résoudre le doute par l'intellect est voué à l'échec.
Le doute est l'obstacle le plus difficile à surmonter car il nous fait quitter la méditation. Il apparaît sous un déguisement, comme une manière intelligente de réfléchir. Fondé sur la réflexion mentale, le doute s'auto-justifie : "de toute façon, cette technique ne marche pas. Cela ne sert à rien ! ". Nous ne sommes pas en contact avec l'instant présent, avec les sensations corporelles. Son bruit empêche le contact. Et le doute paraît avoir raison : il est clair que cela ne marche pas tant qu'il est là ! Il prend l'aspect d'une pseudo-sagesse et s'auto-justifie.

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