Les 5 empêchements - La torpeur
D'après "A propos des 5 empêchements" par Ajahn Akincano
3ème empêchement
La paresse, la somnolence ou encore la torpeur et l'inertie
L’homme qui cherche à voir son image dans le miroir et trouve de l'eau gelée
C'est la faiblesse de l'esprit qui vacille, qui est visqueux, submergé, incapable de suivre précisément l'objet de méditation. L'esprit devient apathique et ne parvient plus à garder la posture du corps droite et ferme. Les paupières deviennent lourdes, la tête tombe vers l'avant, le dos se courbe. Nous avons tendance à penser "je suis fatigué, je vais aller me reposer et ensuite je pourrai mieux me concentrer ".
Que faire ? Développer de l'énergie, appliquer cette énergie à la méditation, être capable de la maîtriser, de la gérer et de la projeter. C’est l’occasion d'apprendre à développer de l'énergie dans les périodes où nous sommes faibles, fatigués, désespérés, déprimés… Mais comment trouver de l'énergie ? Quelles sont ses ressources ?
Le corps Nous devons considérer l’influence de la respiration, très méconnue en occident. Les indiens parlent du souffle prana qui est l'énergie de la respiration. Dans la somnolence ou la torpeur, nous n'allons plus respirer normalement. Il va nous manquer à chaque souffle, un ou deux tiers de cette vitalité qui vient avec la respiration. Il nous faut nous connecter à la respiration et imaginer faire partie de cette terre et pouvoir gérer l'énergie de la terre. Cette visualisation associée à des exercices de respiration est un moyen pour dissiper la torpeur.
Notre énergie est épuisée Comprendre quelles sont les émotions qui pompent de l'énergie et comment maîtriser l'énergie disponible, sans s’éparpiller. Il y a tellement de choses qui nous intéressent dans ce monde ! Choisir… Pour chaque choix, il y a un "non et un "oui". Chaque "oui" signifie une douzaine de "non". Se marier cela veut dire "non" à beaucoup de compagnons possibles ! Donc chaque "oui" implique des "non" et chaque "non" exige une décision, une clarté, un "focus". Pour pouvoir approfondir quelque chose, il faut rester aligné. Si nous nous éparpillons , nous n’avancerons pas. Noter l'importance du prix de la vie qui fait que, s'il nous reste longtemps à vivre, tout paraît possible alors que, dans le cas contraire, il faudra donner des priorités.
Comprendre ce qui gagne en nous quand nous sommes fatigués et que les obstacles gagnent… Quelque chose de nous, qui ne veut pas être éveillé, qui demande qu'on lui fiche la paix, qui ne veut pas se lever le matin, qui ne veut pas réfléchir, pas méditer, qui ne s'intéresse pas à la méditation, qui veut des plaisirs. C'est quelque chose qui arrive quand nous faisons beaucoup d'efforts dans notre pratique. Nous arrivons à peu près à calmer l'esprit mais, en fait, nous l'avons tué et rendu aride. C'est un peu apocalyptique, un peu comme la lune : c'est beau, c'est paisible mais, en fait, il n'y a rien qui pousse. Une force d'inertie très primordiale en nous devient dominante et refuse que quelque chose bouge, se transforme. Quelque chose en nous a choisi cela, nous sommes complices de cela, il faut l'admettre. Pour faire face à l'ambiguïté de nos aspirations, nous avons intérêt à connaître ces obstacles, sinon ils vont continuer à nous envahir.
Le travail à faire est un vrai travail de recherche qui ne se fait pas pendant la méditation. La torpeur ne guérit pas avec peu d'efforts. Il faut élargir l'image de soi-même pour trouver les aspects qui ne font pas partie de cette image et qui sont quand même assez puissants pour nous endormir et rendre notre esprit stérile.
Cette sorte d'auto sabotage se rencontre certainement aussi ailleurs pas seulement dans la méditation. Dans nos relations, dans la manière d'appréhender notre travail. Quand ces schémas se répètent au cours de notre vie, cela vaut bien la peine de faire une recherche. Qu'est-ce qui gagne dans ce cas ? Souvent, c'est une partie de nous-mêmes qui n'a pas été admise.
En conséquence, cela demande de notre part une plus grande compréhension, plus approfondie, de notre tempérament, de nos motivations, de nos peurs, car souvent ce sont nos peurs qui se protègent – contre un succès, par exemple – et qui se servent du sabotage. Tandis qu'une partie de nous veut méditer, une autre partie ne le veut pas et, ne pouvant le dire, dispose un obstacle. Elle ne dit pas : "Arrête de méditer, c'est bête !" mais : "Oui, c'est bien que tu médites… mais, maintenant, je vais t'endormir, ou je vais changer quarante fois d'objet de méditation, de façon à ce que tu ne puisses pas en approfondir un seul !". On a souvent le même travers dans la vie. C’est quelque chose d'assez puissant car ce n’est pas un "non" déclaré. Quand une partie de nous dit "je veux faire cela" et l'autre dit "non, je ne veux pas" c'est assez facile: on négocie un peu et on arrive à un compromis où tous les deux gagnent. Quand les "non" sont souterrains, c’est parce qu’ils ne sont pas admis. Il n'y a pas de négociations et par conséquence tous les deux perdent. C'est un processus corrosif et très destructeur.

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